Bordeaux Primeurs 2024 : que faut-il attendre du nouveau millésime ?

Chaque année, le coup d’envoi des primeurs de Bordeaux est marqué par une intense semaine de dégustations. Journalistes, critiques et acheteurs venus des quatre coins du monde se réunissent pour goûter, analyser et juger les vins encore en cours d’élevage. Véritable temps fort du calendrier viticole, cette semaine dévoile peu à peu les contours du nouveau millésime. Alors que la nouvelle édition bat actuellement son plein (du 14 au 17 avril), que peut-on dire du millésime 2024 ?

Le millésime 2024 : les points clés

-          Des profils sous le signe de la fraîcheur

-          Des degrés d’alcool moindres

-          Des rendements bas en raison de défis climatiques historiques

-          Un millésime accessible dans sa jeunesse, avec un beau potentiel de garde pour les liquoreux

-          Des prix attendus à la baisse

-          Des profils très variés

Une année aux conditions météorologiques inédites

L’année 2024 restera comme l’une des plus singulières de l’histoire climatique récente en France. Paradoxalement, elle figure à la fois parmi les dix années les plus pluvieuses jamais enregistrées et dans le top cinq des plus chaudes depuis le début des relevés en 1900. Des conditions climatiques atypiques qui n’ont pas été sans conséquence sur le vignoble, entraînant une nette baisse des volumes.

Dans le paysage climatique de 2024, l’hiver s’est démarqué par ses températures clémentes accompagnées de précipitations nettement supérieures aux moyennes des dix dernières années. La floraison, survenue en juin, s’est déroulée dans des conditions favorables, avec des températures moyennes stables et sans précipitations. L’été, porté par une météo clémente en juillet et en août ainsi qu’une pluviométrie légèrement inférieure aux normales, n’a imposé que des contraintes modérées à la vigne. En revanche, le mois de septembre a marqué une rupture, avec un rafraîchissement notable et des épisodes pluvieux plus fréquents, rendant la période des vendanges particulièrement complexe.

Le millésime 2024 à Bordeaux s’annonce comme une année de contrastes, où l’expression des terroirs prend toute sa dimension. Les conditions climatiques, parfois exigeantes, ont engendré des disparités selon les appellations et la nature des sols, révélant plus que jamais l’expertise et l’adaptabilité des vignerons.

2024 : un millésime forgé par la détermination des vignerons

Fragilisé dès le début de la saison par le mildiou, puis à nouveau mis à l’épreuve par le botrytis à l’approche des vendanges, l’état sanitaire du vignoble bordelais laissait craindre un millésime 2024 en demi-teinte. Pourtant, grâce à l’engagement sans faille des vignerons, la qualité est bel et bien au rendez-vous !

En dépit des nombreux défis rencontrés au cours de l’année, 2024 s’annonce plein de promesses, comme le souligne avec justesse le Château Cos d’Estournel, éminente propriété de Saint-Estèphe.

« Le millésime 2024, marqué notamment par une lutte acharnée des équipes au vignoble et des maturités tardives, fut un millésime d’équilibriste. L’incroyable résilience de nos terroirs associée à l’âge élevé des vignes nous aura permis d’accompagner un millésime finalement plein de promesses. C’est donc avec beaucoup de fierté que nous vous présentons ce millésime d’une grande subtilité. », Michel Reybier, propriétaire de Cos d’Estournel.

Porté par la richesse des terroirs, l’expertise des équipes et leur capacité d’adaptation, le millésime 2024 laisse entrevoir des vins de grande qualité, caractérisés par leur fraîcheur, leur équilibre et leur intensité aromatique.

À quoi vont ressembler les vins de 2024 ?

À rebours des années solaires précédentes, ce millésime sous l’égide de la fraîcheur semble répondre aux attentes actuelles des amateurs : moins de puissance, davantage de finesse, un faible degré d’alcool et une accessibilité dans la jeunesse.

Des vins rouges frais et subtils 

Les vins rouges de ce millésime séduisent par leur fraîcheur naturelle et leur intensité aromatique centrée sur des fruits rouges éclatants. Dès l’attaque, ils dévoilent une trame délicate, portée par une structure tannique fine et fondue, moins imposante que sur les millésimes précédents. Ce profil gourmand, associé à un faible degré d’alcool (autour de 12 %), confère aux vins une grande digestibilité ainsi qu’une accessibilité certaine dès leur jeunesse.

Les merlots se distinguent par une expression franche, des tanins souples et des finales énergiques portées par une belle acidité. Leur profil met en avant la fraîcheur et la gourmandise des fruits rouges, soutenues par une structure modérée à très fine.

Les cabernets complètent cet équilibre en apportant davantage de volume et de longueur. Leurs tanins, présents mais fondus, s’accordent à une palette plus mûre, avec des notes de petits fruits noirs et d’épices douces selon les terroirs.

Les vins blancs secs, un profil intense et énergique

Les vins blancs secs laissent présager de belles réussites. La majorité des cuvées dévoile un profil aromatique expressif, dominé par des notes d’agrumes vives, portées par une acidité tendue qui leur confère une fraîcheur et une énergie particulièrement marquées.

Les liquoreux, le subtil équilibre entre vivacité et richesse

Le millésime 2024 s’annonce particulièrement prometteur pour les vins liquoreux. Les conditions climatiques ont favorisé une expression aromatique intense, marquée par des arômes fruités et une fraîcheur remarquable. En bouche, la puissance se marie harmonieusement à une acidité vive, offrant ainsi des vins d’un bel équilibre et dotés d’un excellent potentiel de garde.

Campagne Primeurs 2024 : à quels prix s’attendre ?  

La révélation des premiers prix des primeurs de Bordeaux débute généralement quelques jours ou semaines après la célèbre semaine de dégustation organisée par l’Union des Grands Crus de Bordeaux. Progressivement, les châteaux révèlent leurs tarifs, dessinant ainsi la tendance générale. Mais que peut-on attendre du millésime à venir ?

Dans un contexte d’inflation et de ralentissement économique, la prudence domine chez les consommateurs comme chez les investisseurs. Les prix devraient donc poursuivre leur baisse amorcée avec le millésime précédent. L’accumulation de stocks chez les importateurs, distributeurs, négociants et cavistes a en effet entraîné un recul des tarifs pour de nombreux grands vins. Dans ce contexte, il est probable que les propriétés misent sur des prix plus attractifs pour le millésime 2024, et ce malgré les petits volumes récoltés.